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ARCHITECTONIQUES

projects.

artistes

Franz Ackermann, Sandra et Gaspard Bébié-Valérian, François Daireaux, Nicolas Daubanes,

Agnès Fornells, Philippe Garenc, Asmund Havsteen-Mikkelsen, Alain Lapierre, Anders Mikkelsen,

Jérôme Soudan aka mimetic, Caroline Tapernoux, Jean Michel Wilmotte, Yan Zoritchak 

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about.

intention

ARCHITECTONIQUES ? BORDURES ET DEBORDEMENTS...

Quant l'art interroge-rencontre-pense-éprouve l'architecture.

 

Il faut toujours remonter à la source. Bien que l'on sache que toute source n'est qu'une étape – phase d'un processus antédiluvien – une émergence, une résurgence, qui « surgit » (qui se lève, qui jaillit, qui sourd) et qui se « souvient » (elle vient de dessous), dans un lieu et dans un temps donné, fruit de processus beaucoup plus longs, plus anciens, plus larges, parfois cachés ou plus exactement non apparents. La source, comme le souffle, sort et apparaît de ce qu'on ne voit pas mais que l'on imagine. L'eau de la source est l'expulsion d'une mémoire enfouie, ancienne, l'expulsion d'une mémoire cyclique, d'un continuum, perpétuellement en transformation, évidemment entropique 1. Mais les particules de cette mémoire n'ont pas toujours été enfouies et viennent de bien plus loin. Si ce n'est jamais la même eau qui sort de la source, l'eau de la source se confond avec la bouche ou le trou dont elle sort, avec son lieu (avec son débit également). L'eau, non dissociée de son conduit-support-canal, s'incarne dans cette totalité qu'est l'objet de la source, un objet vivant, un sujet. Il existe d'ailleurs une dimension très positive, très enthousiasmante, très spirituelle, dans l'objet total qu'est la résurgence, tout en tenant compte que celle-ci, inconditionnellement, s'absente peu à peu, pour donner naissance à d'autres processus, d'autres cycles, d'autres métamorphoses. Une source, c'est toujours un avant, un pendant, un après, un big-bang.

 

À l'origine, à la source, donc, un tableau de Asmund Havsteen-Mikkelsen 2 (présenté dans l'exposition), dont une partie du travail et de la réflexion (philosophique) porte sur l'architecture. Puis l'eau de la source a rempli les bassins, elle a débordé, s'est écoulée, nourrissant les terres fertiles de l'imagination, et de bouche en bouche, d'esprit en esprit, la notion s'est ouverte, élastifiée. Décision prise, nous, la curatorial team, allions donc questionner dans notre exposition les relations entre art et architecture, et inversement.

 

Bien entendu, face à ce programme immense dont l'histoire non interrompue nous renvoie jusqu'aux premiers abris nomades de nos ancêtres chasseurs-cueilleurs, nous n'étions pas sans ressentir un petit vertige. Un rapide tour d'horizon en effet, nous montre à quel point l'architecture est consubstantielle à l'humanité, un fait significatif du genre humain, à tel point que l'on parle d'homo architectus : nous architecturons tout, nous nous abritons, nous laissons nos traces, nous organisons des voies, construisons des habitats simples, des palais, des habitats communs, nous architecturons des jardins, des villes entières, nous créons des dédales, nous passons d'ailleurs nos vies à passer d'un dédale à un autre, d'un couloir à une salle, de couloirs à d'autres salles, à d'autres couloirs, à d'autres salles et lorsque nous voyageons, lorsque nous randonnons, ce n'est que temporairement entre deux architectures... considérations qui, là encore, donnent le vertige. Et nous construisons, nous construisons, nous construisons, inlassablement...

 

En soulevant le voile, en tirant le fil, nous ne pouvions que nous apercevoir qu'il était impossible de faire le tour de la question et que notre réflexion serait obligatoirement incomplète. Rien de grave ! Nous avons alors opté pour un modèle libre, intuitif, sensible, empirique, déployant nos connaissances et nos compétences 3 en commun, en nous interrogeant simplement, en laissant venir à nous ce que l'architecture nous disait, pour l'« envisager » (lui donner un visage)... pas plus, pas moins.

 

L'architecture fait partie de nos vies, et nos vies sont liées à l'architecture. En effet, tout à la fois nous vivons les architectures, elles nous meuvent, nous protègent, nous libèrent, nous contraignent, nous conduisent, nous dominent, nous en faisons usage et elles déterminent en partie nos usages et nos gestes. Nous agissons sur l'architecture et elle agit sur nous, à différents degrés. Vertige encore lorsque nous considérons à quel point l'architecture cadre et supporte nos existences (ce qui peut avoir bien entendu plusieurs significations).

 

Nous avons observé librement les questions de l'origine, de l'évolution, du dedans, du dehors, des signifiants, des signifiés, des effets, la question de la nécessité, de la beauté, des motifs, des styles des ornements, de l'harmonie, des volumes, des exceptions architecturales, des architectures extraordinaires, les contraintes imposées par les villes, selon les époques, et la liberté (conditionnelle) des maisons individuelles... et nous avons aussi naturellement évoqué la question des pouvoirs, de l'architecture des chefs, des héros, des colons, de ce dont l'architecture est le nom, et de son "hybridité", elle qui est faite de strates complexes... de tout et de rien, de bien et de mal, de beautés et de laideurs.

 

Nous avons dépassé l'étymologie, l'impératif encyclopédique, oublié les grands noms de l'architecture, laissé de côté les grands monuments patrimoniaux, historiques, qui habitent librement notre imagination, non pas pour faire table rase, pour laisser place à une conception plus universelle, une acception transversale, une notion fluide, souple, mais aussi anthropologique, sociale, politique, esthétique critique, une conception intégrant y compris d'ailleurs de repenser la problématique de l'architecture à l'ère du réchauffement climatique, de l'anthropocène (notion plébiscitée ou décriée), car pour reprendre les mots d'Oscar Niemeyer « la vie est plus intéressante que l'architecture », une façon de considérer qu'il faut remettre les choses à leur place et faire preuve d'une certaine humilité : l'architecture, comme toute activité humaine, excessive, devra reconsidérer ses enjeux, ses perspectives, ses paradigmes.

 

Et nous avons plongé, tête la première, dans l'immense océan des rencontres entre arts (dits « plastiques » ou « visuels », pour parler d'images peintes ou sculptées) et architecture, pour en remonter à la surface les ingrédients, les sels, avec lesquels nous composerions, notre exposition.

 

Chevauchant notre leitmotiv, nous avons évoqué les grottes ornées (architectures « naturelles »), les architectures mégalithiques, antiques, égyptiennes, mésopotamiennes, grecques, romaines, les fresques des villas romaines et leurs peintures mystérieuses architecturées « développant » les espaces intérieurs sur des extérieurs virtuels, les peintures fantastiques, les fresques des tombes étrusques, les collusions entre images et architectures dans la plupart des grands monuments de ce monde, les vitraux des cathédrales, les représentations d'architectures dans toute l'histoire de l'art. Nous sommes passés par les oeuvres qui évoquent ou invoquent l'architecture, par les fresques de Cimabue, Giotto, Bellini, l'architecture dans la peinture occidentale comme prétexte à l'usage concurrentiel de la perspective devenue « forme symbolique » pour reprendre l'expression de Erwin Panofsky. Nous avons évoqué la manière dont les grandes scènes de la peinture classique prenaient place dans des architectures symbolistes (L'Ecole d'Athènes, Les noces de Cana, etc.), nous avons parlé du védutisme (Canaletto), de la Vue de Delft de Vermeer, des représentations des villes en général, des rêveries hallucinées de Bosch, les architectures infernales de Monsu Desiderio, de l'esthétique des ruines (Hubert Robert), de l'esthétique des prisons (Piranèse), des représentations d'architectures utopiques, des délires perspectifs de Maurits Cornelis Escher et des délires optiques de Vasarely, des architectures métaphysiques de Giorgio de Chirico, du suprématisme spatial des Architectones de Malevitch, des performances architecturales sur sites de « l'anarchitecte » Gordon Matta Clark, des architectures sculpturales et existentielles de Jean-Pierre Raynaud, des situations photographiques de Georges Rousse, des films critiques sur l'architecture et ce dont elles sont le nom (colonialisme, pouvoir, coercition, aliénation), comme chez Kader Attia ou Mounir Fatmi, parmi d'autres... 

 

Nous avons également pu découvrir les architectures brutes et artistes d'un Facteur Cheval ou d'un Friedensreich Hundertwasser, celles de l'exceptionnel James Turrel, mais encore les œuvres des Land artistes Smithson, Long, De Maria, Heizer, jusqu'à Goldsworthy et Dougherty, en mettant en exergue Nancy Holt, cosmique, les travaux iconologiques de Anne et Patrick Poirier, les fameuses Cellules d'Absalon...

 

Représentations en tout genre, pour des raisons multiples, prises de position, performances, œuvres critiques. Des débats passionnants ont eu lieu, avec légèreté, et ont été l'occasion d'ouvrir plusieurs voies. Nous nous sommes également laisser aller à observer l'architecture des œuvres, les corrélations entre œuvres d'art et architectures (dans le cadre de commandes, notamment).

 

Il ne nous a aucunement échappé que chaque exposition avait son architecture : une architecture relative à l'architecture du lieu et à son esprit bien entendu (volumes, espaces, circulations, aérations, mises en lumières, passages, matériaux, fonctions du lieu). Mais elle possède aussi son « esprit propre », son « architecture propre », avec une tendance à remodeler le lieu, et d'ailleurs un esprit précaire puisqu'il apparaît puis disparaît, selon une temporalité différente. Une exposition n'est pas simplement « temporaire », elle est passagère, vouée à disparaître, vanité. Ce régime différentiel de l'exposition dans son lieu a retenu notre attention. Par ailleurs nous nous sommes posés la question de ce qu'il resterait de la structure de l'exposition, composée par rapport au lieu, une fois faite l'abstraction du lieu. Toutes ces spéculations sont naturellement des grands moments de prise de conscience, de poésie, d'ouverture de l'imaginaire.

 

Et c'est ainsi qu'« habités », entre intuition, critères « subj-objectifs », vision élargie d'une équation presqu'appropriée associant l'art et l'architecture, nous nous sommes mis en quête d'oeuvres et d'artistes, sans oublier l'impact de l'architecture d'un lieu tel que celui du Centre des arts... dont nous avons intégré la maquette (Jean-Michel Wilmotte) comme « sculpture » au cœur de notre exposition : une mise en abîme, certes, mais surtout une « augmentation »... faisant de notre exposition une exposition à plusieurs dimensions, une sorte de kaléidoscope performatif, critique, symbolique, poétique, esthétique, politique, social... dimensions que l'on retrouve dans le choix des œuvres et des artistes … avec un ensemble exceptionnel sans hiérarchie de formes et de genre, sans hiérarchie de style, de domaine, d'origines, intégrant divers médiums, médias, matériaux, matières, savoir-faire...

 

Représentations, métamorphoses, sublimations, observations, constatations, déambulations, errances, récits de voyage, montages, défragmentations, déconstructions, constructions, conductions, réfractions, diffractions, condensations, hybridations, sonifications, spatialisations, empreintes, traces, rêveries, résistances, interrogations, symbolisations, invitations à l'émancipation, intuitions, propositions, autant d'évènements nous proposant « d'architecturer » notre rapport au monde. Qu'opère la magie.

 

La curatorial team. Juin-octobre 2020.

1 Un clin d'oeil à Bernard Stiegler, qui compose le paysage des penseurs essentiels de notre période, disparu peu après la rédaction de ce texte, en août 2020. Qu'il lui soit rendu homage. 

2 Le travail de Asmund Havsteen Mikkelsen nous a été présenté par l'enseignant et artiste Gilles Grassioulet, avec lequel il nourrit une amitié depuis de longues années. Isabelle Muller a rapidement été convaincue du bien fondé d'une telle idée.

3« Etre compétent, c’est finalement trivialement savoir se débrouiller dans des situations critiques, confuses, emmêlées ou imprévues », Yves Lichtenberger (1999).

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L'OEIL DE...                                                         

Contribution libre à propos de l'intention curatoriale, par Eli Bertuccioli. 

Les traditions d’architecture sont profondément liées à celles de l’art. Tandis que l’art apprivoise l’image ou la forme pour créer une émotion esthétique, l’architecture apprivoise l’espace pour créer le lieu et l’expérience.

Sous cette vue, quand nous voyons par exemple une peinture dans une salle, la création est multiple : l’œuvre en tant qu’elle est visible, mais elle est aussi médiée par le biais du lieu sculpté autour de lui. Ces doubles œuvres interagissent ensuite pour créer, tant immédiatement dans l’expérience et l’impression sensorielle et esthétique qu’indirectement dans la contemplation et la métacontemplation de l’œuvre et la métaœuvre. Ainsi, pour reprendre la phrase de Marshall MacLuhan, le lieu est une œuvre ; autrement dit, l’architecture est un art.

Sur un plan historique, art et architecture se confondent : on pourrait argumenter que l’architecture en tant que re-possession de l’espace naturel commence avec la peinture rupestre. On pourrait également estimer que l’architecture débute avec la construction de bâtiments, accompli pour la première fois au complexe de Göbekli Tepe, site aussi le sommet de la sculpture Néolithique. Aujourd’hui, ces liens, cette confusion, subsistent. Avec les avancées des technologies de construction, l’architecte devient de plus en plus libre dans son expression : nous n’avons pas à regarder plus loin des sinuosités du travail de Gehry, par exemple, pour voir cette exaltation de l’expression artistique à travers l’architecture. Simultanément, nos vies deviennent de plus en plus urbaines, de plus en plus définis par la construction. L’architecture, tant à la grande échelle des infra et méga-structures, celle des villes, qu’à la petite échelle des domiciles que nous avons tous connu intimement, de très très près ces derniers mois, vient de plus en plus occuper l’œil du monde de l’art.

Avec l’exposition « Architectoniques », nous avons cherché à explorer ces rapports, et de proposer au public un gout de l’art subtil des travers de la ville. Nous espérons exposer l’espace construit comme canevas ; comme cadre ; comme lieu sculpté ; bref, instiguer une nouvelle vue de la beauté, et le potentiel, des espaces qui nous entourent.

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Curatorial Team

 

Asya Aponte, Eli Bertuccioli, Montague Cardwell-Jacobs, Manuel Fadat,

Greta Ferrari, Gilles Grassioulet, Anna Huchberger,  Sevda Khalilova, Isabelle Muller, Leelo Poli,

Martina Ravano, Laura Stanovic, India Tamari, Lili-Faye Tamari,

Soraya Vahabzadeh, Lilou Vial.

Projet & acteurs

THINKING AND MAKING AN EXHIBITION : A CURATORIAL PROJECT

Durant toute une année, un groupe d'élèves, accompagné par un curateur indépendant et historien de l'art (Manuel Fadat), découvre le monde de l'exposition, sa complexité, puis conçoit et réalise une exposition de A à Z.

Les élèves apprennent « tout en faisant » (en situation, par le milieu) les subtilités du métier en plusieurs phases : workshops propédeutiques dédiés à la sensibilisation et l'observation ; rencontres avec des professionnels ; réflexions sur les arts, débats ; définition de l'intention curatoriale (thématique), sélection des artistes et des œuvres, scénographie, rédaction, catalogue d'exposition, communication, conférence de presse, vernissage, montage, médiation...

Chaque année, au terme d'un processus théorique et pratique qui implique esprit d'initiative, créativité, travail collectif, engagement, esprit critique, une exposition inédite voit le jour dans l'enceinte du Centre des arts.

Pour sa première édition, la curatorial team a conçu l'exposition Evolution(s), du 15 au 30 juin 2018, avec Benoît Billotte, Maxime Bondu, Laura Couto Rosado, Gael Grivet, Kristina Irobalieva, Florian Javet, Cile Jelin, Paul Paillet, Nadja Meier, Aline Morvan, Lamya Moussa.

Pour sa seconde édition d'Ecoart, la curatorial team a conçu et réalisé l'exposition Graphein, du 20 au 30 juin 2019, avec ARDPG (Arnaud Puig), mounir fatmi, William Kentridge, L'Atlas (Jules Dedet), OBEY (Shepard Fairey), Frederik Peeters, Dan Perjovschi. 

 

grapheinecoart.wixsite.com/curatorialteam

NOS REMERCIEMENTS VONT :

 

Aux artistes, pour leur bienveillance, leur confiance, à la Rigo-Saitta Collection. 

À la Curatorial team, Conrad Hughes, Isabelle Muller, Gilles Grassioulet, Momar Seck, Daniel Wack, Denis Capolino, Patrice Milaire, Francis Poncioni, Tania Gentet-Ganose, Zara Preece, Yvan Cavazzana, Olivier Delaforcade, Jean-Luc Renaud, Carole Giboz, Katrin Oppliger, Marie-France Labelle.

 

Nous remercions également l'ensemble des lieux que nous avons visité et dont les médiations se sont toujours avérées d'une grande qualité, pertinentes en regard des spectateurs singuliers que nous étions. Musée Barbier Mueller, Musée d’Ethnographie de Genève, Galerie Bärtschi, Galerie Xippas, Musée d’Art et d’Histoire de Genève, Musée Rath, MAMCO, Centre d'art contemporain de Genève (Frédéric Stordeur), Usines Kugler, Centre de la photographie de Genève. Nous remercions également tous les lieux que nous aurions dû visiter entre les mois de mars et de juin 2020 que la situation sanitaire mondiale ne nous a permis d'approcher que mentalement, grâce à nos imaginaires. 

INFORMATIONS PRATIQUES

Responsables du projet : Isabelle Muller (responsable du Centre des arts) et Manuel Fadat (curateur indépendant, historien de l'art), avec la participation de Gilles Grassioulet (Enseignant, chef du Département des Arts Visuels – Artiste) et de Anna Kotchoubey-Huchberger.

 

Centre des arts, 62, route de Chêne CH-1208 Genève. 

Téléphone au +41 22 787 26 75

I. Muller : isabelle.muller@ecolint.ch

M. Fadat : fadat.manuel@gmail.com

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ENTRETIEN AVEC DANIEL GIBBONS

Architecte ...   

                                             

Par Montague Cardwell-Jacobs. 

What is one of the most challenging things about being an architect?

Having to be able to align in a proper way a client’s needs with regards to what he imagines he can get to the reality of what he can get. There are always three elements an architect has to acknowledge when creating a new piece of architecture: the client, the architect/artist (themself), and the person that will be building it. We develop a project around a functionality first, and then how you can give it aesthetic and how both of these are balanced. You always have to be down to Earth on what the physical possibilities are, and that of your imagination. Then you have to model that around your idea or projection of the project and how you really build it. An architect's biggest limitation will be the laws of nature that determine what elements the architect can or cannot use. 

Why is it important for architecture to be beautiful?

It is a mixture between functionality and aesthetics. Does "form follow function"? Now what does this mean, an industrial or metal building is aesthetically beautiful? Are they nice? Do they serve a purpose? They have a functionality. But when you start building your house, it's like your car. Do you care about having a banged up car because it just brings you around or do you absolutely want to be driving that Aston Martin or that Ferrari around. Why do some people like it? Possibly because of their means, possibly because of their dreams. There are some people who just want simple elements as well. A chair is a chair, it doesn’t have to be intricate in any way. It could be down to two pieces of wood even, it will probably be less comfortable but that does not mean less beautiful, it means less functional. Some artists make very beautiful chairs that are not comfortable but are truly beautiful, but they are still pieces of art, they are well designed. And architecture is exactly like design, it has to take in a functionality aspect into it as well as a form. We are always trying to find the right balance between those two elements, we want something beautiful for the client at the same time functional. And this is our baseline as architects, creating beautiful objects. If we do not, then they can go to any architect, they don't care. If we were all creating the exact same blocks without any personality to them, then what makes us better than our neighbor? 

Do you feel like architecture is influenced by society or society influences architecture?

I think nowadays, in Europe and the U.S., there are two schools of thought. There are the ones that go for what society dictates, the classic, the norm. You know people won't be judgemental, they will say: “It’s nice architecture, it is good, and I accept it” because they are used to seeing it. Then there is the opposite side, the ones that want to question and model and define. I think you need a bit of both for society to work in any artistic or cultural sense; you need the conformists and the non conformists. It's also heavily economical, the potential financially that you have to develop cities. But in the end, it will be a balance.


FRENCH VERSION

 

Qu'est ce qui vous paraît le plus difficile en tant qu'architecte?

 

Devoir être capable de gérer correctement les besoins d'un client, entre ce qu'il imagine qu'il peut obtenir et la réalité de ce qu'il peut obtenir. Il y a toujours trois éléments à prendre en considération lors de tout nouveau projet d'architecture : le client, l'architecte / artiste et la personne qui la construira. Nous développons d'abord un projet autour d'une fonctionnalité, puis vous vous demandez comment lui donner une esthétique et comment les deux sont-ils équilibrés ? Vous devez toujours être terre à terre, c'est à dire au plus proche de ce que sont les possibilités physiques et celle de votre imagination. Ensuite, vous devez modéliser cela autour de votre idée ou projection du projet et la façon vous le construisez vraiment. La plus grande limite d'un architecte seront les lois de la nature qui déterminent quels éléments il est possible d'utiliser.

 

Pourquoi est-il important que l'architecture soit belle?

 

C'est un mélange entre fonctionnalité et esthétique. La forme suit-elle la fonction ? Maintenant qu'est-ce que cela signifie : un bâtiment industriel en métal est-il esthétiquement beau ? Agréable ? Ils servent un but. Ils ont une fonctionnalité. Mais quand vous commencez à construire votre maison, c'est comme votre voiture. Vous souciez-vous d'avoir une voiture cabossée mais qui vous permet de vous déplacer, ou voulez-vous absolument conduire une Aston martin ou une Ferrari ? Pourquoi certaines personnes aiment cela ? C'est une histoire de moyens, de rêves. Il y a des gens qui veulent aussi des choses simples. Une chaise est une chaise, elle n'a pas besoin d'être compliquée de quelque façon que ce soit. Il pourrait même s'agir de deux morceaux de bois. Probablement moins confortable mais cela ne signifie pas moins beau, cela signifie moins fonctionnel. Certains artistes fabriquent de très belles chaises qui ne sont pas confortables mais qui sont vraiment belles, mais ce sont toujours des œuvres d'art, elles sont bien conçues. Et l'architecture est exactement comme le design, elle doit prendre en compte un aspect fonctionnel et une forme. Nous essayons toujours de trouver le bon équilibre entre ces deux éléments, nous voulons quelque chose de beau pour le client en même temps fonctionnel. C'est notre référence en tant qu'architectes, créant de beaux objets. Si nous ne le faisons pas, ils peuvent s'adresser à n'importe quel architecte, ils s'en moquent. Si nous étions tous en train de créer exactement les mêmes blocs sans aucune personnalité pour eux, alors qu'est-ce qui nous rendrait meilleurs que notre voisin?

 

Pensez-vous que l'architecture est influencée par la société ou que la société influence l'architecture?

 

Je pense que de nos jours, en Europe et aux États-Unis, il y a deux écoles de pensée. Il y a ceux qui suivent ce que la société dicte : le classique, la norme. Vous savez que les gens ne porteront pas de jugement, ils diront : « c'est une belle architecture, et je l'accepte », car ils ont l'habitude de la voir. Ensuite, il y a au contraire ceux qui veulent questionner, modéliser et définir. Je pense qu'il faut un peu des deux pour que la société fonctionne dans un sens artistique ou culturel ; vous avez besoin des conformistes et des non conformistes. C'est aussi très économique, tout dépend du potentiel financier dont vous disposez pour développer les villes. Mais au final, c'est une question d'équilibre.

 

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